Avec le retour des beaux jours du printemps, le Norouz est célébré par des millions de personnes sur toute la planète, une fête colorée, riche de significations: le Nouvel An persan. Mais au-delà de cette simple occurrence du calendrier, le Norouz est aussi l’expression d’une convergence, d’une renaissance ou d’un renouveau.
Portant l’empreinte de racines millénaires qui plongent au cœur même de l’époque zoroastrienne, cette fête ancestrale déborde la géographie du pays, la religion d’un peuple, pour s’imposer au-delà des cultures, des mœurs habillant de fécondes traditions. Même pour ceux qui ne sont pas familiers avec les traditions persanes, Norouz apparaît comme une fête porteuse de renouveau et d’espoir
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Norouz (prononcé “no-rooz”), « Nouveau jour » en persan, est un temps de célébration intimement lié à la date de l’équinoxe de printemps, qui tombe généralement le 20 ou le 21 mars. Il annonce le printemps astronomique. C’est la période où le jour et la nuit sont de même durée. Ce rapport à la nature témoigne des racines de la fête dans les sociétés agraires. Sa célébration est attestée de l’Iran à l’Asie centrale, au Caucase, aux Balkans, à l’Asie du Sud et aux communautés diasporiques.
Le « Norouz » est aujourd’hui inscrit par les Nations-Unies dans le calendrier des « Journées internationales », de manière symbolique proclamée comme un message de paix et de réconciliation lors de sa célébration par différents peuples ; en particulier pour les Perses, les Kurdes, les Afghans, les Centrasiatiques, chacun apportant à ce patrimoine commun sa contribution locale.
Les origines du Norouz remonteraient à 3000 ans, sous l’Empire achéménide et un zoroastrisme antérieur. Dans une vision du monde valorisant les cycles de la nature, la lumière et le renouvellement, les anciens rois Perses célébraient Norouz pour établir son règne divin, réactivant les grandes fêtes et cérémonies des ancêtres des lieux symboliques comme Persépolis, où les inscriptions et bas-reliefs viennent restituer ces moments solennels.
Norouz a ainsi réussi à dépasser le cadre strictement zoroastrien pour devenir une fête culturelle. Sous les Sassanides, il a continué à renforcer les traditions perses. Plus tard, avec l’arrivée de l’islam, il a été conservé et transmis, restant fidèle à son esprit d’origine tout en s’adaptant à son nouvel environnement.
Il est également précisé dans le Shahnameh à propos de Nowruz : Jamshid était alors en voyage à travers l’Azerbaïdjan lorsqu’il ordonna qu’un trône soit dressé pour lui. Une fois assis sur ce trône royal, couronné d’un diadème scintillant, la lumière du soleil, illuminant sa couronne d’or, apporta lumière et abondance à toute la terre, et la joie des populations lui ayant donné le nom de Nowruz.
Les usages de Norouz combinent des rites symboliques et des activités familiales, chacun porteur d’un message fort. Listons quelques traditions qui font le caractère de cette fête :
le grand ménage printanier. Dans les semaines qui précèdent Norouz, les familles se livrent au Khaneh Takani, ou « faire bouger la maison ». Par ce grand ménage symbolique, la volonté d’éliminer le négatif pour faire place au neuf est manifestée, tandis que la nature elle-même s’éveille au printemps.
L’élément essentiel dans la fête du Norouz est la table Haft-Seen, une composition composée de sept objets qui commencent tous par la lettre persane « S » (seen), chacun d’eux symbolisant une qualité ou composante du monde vivant :
Sabzeh (herbes germées) : renaissance et vitalité.
Samanu (pudding au blé) : puissance et force.
Seer (ail) : santé.
Seeb (pomme) : beauté et santé.
Senjed (fruit oléastre séché) : amour.
Serkeh (vinaigre) : patience.
Sumac : lever du soleil et aigre-douceur de la vie.
D’autres objets viennent compléter un affichage initial, comme les poissons rouges (symbolisant la vie), les miroirs (reflétant la clarté) et les bougies (lumières éclairant tous les lieux), mais aussi les ouvrages sacrés, ou recueils de poésie (le Divan de Hafez), dont on souligne les accointances spirituelles et culturelles.
La table Haft-Seen
La veille du dernier mercredi avant Norouz, les fêtards sautent par-dessus les feux de joie, dans le cadre de Chaharshanbe Suri. Ce rite zoroastrien ancien est un symbole de purification : les participants entonnent « Donne-moi ton rouge et enlève ma pâleur jaune », une façon de renouveler sa vitalité.
Norouz met à l’honneur la communauté, plus particulièrement la famille : il est de tradition de rendre visite aux aînés , d’échanger des présents, marque du respect et du renouvellement des relations, et les plus jeunes, de leur côté, reçoivent un eidi, petit présent d’argent.
Au 13e jour du Norouz, Sizdah Bedar a lieu à l’extérieur, manifestant le retour à la nature et la protection de la nature. Les familles n’hésitent pas à pique-niquer et à jouer autour de leur Sabzeh qu’elles lâchent dans les fleuves, accomplissant là la grande boucle du renouveau.Chaque objet de la table symbolise un aspect du renouveau, de la fertilité à la beauté, de l’amour à la santé.Il est question de purifier la maison avant de pique-niquer au 13e jour du Norouz afin de profiter du renouveau de la nature et de jeter les pousses de lentilles ou de blé qui faisaient partie de la table du Haft-Seen, débarrassant ainsi symboliquement la maison des « mauvais esprits ».
Aujourd’hui, bien que cette fête soit ancienne, Norouz reste profondément vivant. Les familles situées aux quatre coins du monde communiquent par vidéoconférences, et les festivités peuvent revêtir, dans les grandes villes, la forme de foires, de concerts et de Haft-Seen internationaux imbriquant les influences régionales et créatives, mais le cœur de la fête, le respect de la vie et de la renaissance, est le même.
Ainsi, le Norouz en Iran s’étale sur deux semaines, temps de pause nationale, émaillé par les festivités des villes, Téhéran et Ispahan redevenues lieux de fête, notamment par la décoration, les pétards, la présence dans les souks.
Le grand intérêt de Norouz réside dans le renouveau, l’unité et l’harmonie qu’il évoque en termes universels. Il nous rappelle que nous sommes tous unis par le cycle des saisons et la joie de la renaissance. C’est grâce à la diversité des points de départ que le chemin offre une chance d’appartenir au même espace. L’engouement mondial, tout autant que la reconnaissance d’un Norouz au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco sont le signe de cet intérêt universel.
Avez-vous envie de vivre Norouz ? Rencontrez les communautés persanes ou d’Asie centrale qui font souvent vivre des festivals ouverts, autour de la musique, de la danse, de la cuisine, et où le mot participation ne reste pas seulement un échange culturel, mais devient bien aussi une célébration de notre humanité, car au fond l’idée de faire fête autour du renouveau semble être universelle.
Norouz n’est pas seulement une fête, c’est une réflexion sur le passé et sur le nouveau, une fête de l’unité au travers de ses rituels éblouissants ou de ses splendides grands thèmes. Norouz peut séduire tous les goûts. Et ce printemps, laissons-nous inspirer par l’esprit de Norouz pour célébrer le renouveau de la vie et la solidarité qui nous unit tous. Un nouveau jour doit être accueilli. Chaque Nowruz est finalement un hymne à l’espoir et à l’humanité.
Le tombeau de Hafez à Norouz
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